Il s’en est passé des choses depuis mon retour.
Voyager, ça aiguise les sens, ça ouvre l’esprit et colore tes rêves de gosse. Depuis cinq ans maintenant, je n’ai cessé de vadrouiller, d’expériences professionnelles en aventures personnelles. J’ai réalisé plusieurs de mes rêves et tout cela m’a rendu heureux et avide d’en vivre d’autres.
Un jour, j’ai lu un beau livre : “Le tour du monde en stop, cinq années à l’école de la vie”. Eh bien c’est ça le voyage, on en apprend plus qu’on ne peut l’imaginer. D’abord sur le monde qui nous entoure, ensuite sur les personnes qui gravitent sur cette planète et enfin sur nous. On y apprend des langages, des cultures, des histoires, mais surtout à être heureux, à vivre selon ses envies, à se façonner une vie un peu différente des autres.
Ce n’est pas toujours facile et parfois, comme une belle histoire d’amour, ça se termine. Les trois premiers mois après mon retour c’était l’euphorie, j’étais heureux de retrouver mes proches, mes amis, la mer. J’avais besoin de rentrer, j’avais besoin de retrouver des repères et tout ça était guidé par l’envie de construire quelque chose. Ben oui pour les autres la vie continue et croyez-moi c’est pas toujours évident de mesurer les changements pendant son absence.
Parce que, oui, j’ai été absent. J’ai lâchement abandonné mes amis pour en rencontrer des centaines d’autres. Mais je suis revenu. Juste à temps pour voir une dernière fois ma grand-mère. Juste à temps pour rencontrer mon petit neveu qui vient de naître et remplit de joie le coeur de ma soeur. Mais alors que faire après tout ça ? Je vends mes motos à chaque voyage au départ pour débarrasser le garage et à l’arrivée pour rentrer plus facilement. Je refais ma vie à chaque fois que je rentre. Je me transforme en “Tanguy” pendant quelques mois pour chercher une nouvelle graine, une nouvelle idée à faire pousser.
Et on sait jamais ce qu’elle va devenir cette graine. Aujourd’hui je me retrouve de nouveau à travailler. Un contrat qui associe mes deux passions, celle de la communication et du partage avec la moto. Je m’exporte un peu plus loin que mes origines pour arriver dans une région magnifique que je ne connais absolument pas. Je n’ai pas de voiture. Espérons qu’il n’y ait pas de neige trop souvent !
Alors oui je n’ai aucune raison de me plaindre. J’ai de la chance. Je me suis toujours donné le courage de la saisir et j’essaye chaque fois de la partager autour de moi.
La suite est incertaine. Construire une famille ? Une maison ? Un endroit à moi où il fait bon vivre et que je retrouverai après chaque départ ? Un lieu où je pourrai rencontrer des voyageurs et parler de tout. Une maison où je pourrai accueillir mes amis du monde entier que je rêve de revoir un jour. Un lieu ou je me sente bien. Tout cela semble facile et pourtant je lutte avec moi même depuis plusieurs semaines à me demander si j’ai fait le bon choix, si c’est bien cela dont j’ai envie.
En voyage on se forge une résistance à toute épreuve. Et malgré ça, aujourd’hui, je suis beaucoup plus sensible et fragile face à ce qui m’entoure. J’ai de plus en plus de mal à me faire à l’idée que je vais travailler pour manger, pour construire une maison à moi, dans un pays où la vie est très agréable. J’ai du mal à me dire que je vais fermer un peu les yeux face à ce que j’ai pu voir, apprendre, de ces gens qui vivent du peu qu’ils ont. Mais je vais laisser faire le temps, retrouver cette vie d’avant avec le regard éclairé par ces rencontres pour, un jour, les remercier en ouvrant à mon tour, la porte de ma maison, de mon jardin et de mon coeur.
Merci de partager tes doutes. C’est une nouvelle étape, mais surement pas une fin.
Bon courage pour le boulot.
La petite graine d’un périple futur ne devrait pas tarder à commencer à germer.
Merci