Bon, le protège-chaîne a tenu plus de 40 km, j’ai gagné mon pari avec Rodolphe, mon ami mécano. J’ai hâte de manger du bon chocolat à mon retour ! D’ailleurs, un grand merci à lui. Il faut savoir qu’il m’aide souvent et me donne son avis sur les divers problèmes auxquels je fais face. Même si je deviens de plus en plus autonome, je reste toujours intéressé par un deuxième avis, surtout le sien.
Tout va bien sur la piste. Je rejoins rapidement le passage à gué que nous avons traversé deux semaines avant. J’en profite pour manger le repas préparé par l’hôtel avant mon départ. Il est copieux, donc je n’en mange que la moitié. Puis je continue ma route en traversant le parc national de Luambe. Un peu plus loin, je m’arrête : un chemin semble permettre d’accéder à la rivière, et j’espère retrouver le campement où nous étions de l’autre côté.
Je ne le vois pas, mais je fais peur à une grande famille de singes. Dans l’eau, une vingtaine d’hippopotames semblent légèrement agacés par ma présence. Au loin, un éléphant s’éloigne tranquillement de la rive.
Je m’assois pour admirer la scène. Après un moment, l’éléphant revient doucement vers la rivière et se rapproche des hippos. Je n’ai toujours pas bougé, restant là, fasciné, pendant une bonne demi-heure. Finalement, l’éléphant n’est plus qu’à une vingtaine de mètres de moi. Je filme la scène sans bouger.
Voyant qu’il cherche à monter sur la rive, je me déplace pour lui laisser le passage. Mais je me rends vite compte qu’il se dirige vers ma moto, que j’ai laissée un peu plus haut sur un chemin qu’il semble avoir choisi. Je reste immobile un instant, puis, comprenant que ses intentions n’ont pas changé, je commence à me déplacer de l’autre côté. Et sans m’en rendre compte, je lui parle à voix haute.
C’est à ce moment précis qu’il remarque ma présence. Surpris, il s’enfuit en courant vers l’autre côté de la berge…
En reprenant la piste, je croise une girafe que je confonds avec un arbre. Un peu plus loin, dans le secteur de Nsefu, je décide de prendre un énième détour indiqué par une borne “River Side”. Cette fois, ce sont les hippopotames et les crocodiles qui fuient à mon approche, mais j’ai quand même le temps de les observer.
Ensuite, la piste sèche se transforme en un mélange de sable et de marécage. Après plus de 200 km de piste, je suis épuisé et je termine ma journée en plantant ma tente à la sortie du parc. Heureusement, il me reste la moitié de mon repas du midi.
Le lendemain, j’ai parcouru les 30 derniers kilomètres, dont une traversée de rivière. Je me suis installé au Wildlife Camping. J’avais prévu d’attendre le lendemain pour le safari, mais j’ai rencontré la fille d’un couple de voyageurs allemands en camion. Ils avaient l’intention de faire un safari en fin de journée, et je me suis joint à eux.
J’étais un peu sceptique pour ce premier safari en Afrique. La voiture avance lentement vers l’entrée du parc. Nous payons l’entrée, 25 dollars, et commençons par observer les crocodiles dans la rivière et les éléphants sur le bord de la piste. La deuxième famille d’éléphants a un tout petit bébé, à peine une semaine. Ensuite, nous admirons les hippopotames dans une mare bien verte. Ils dorment et n’ont qu’à ouvrir la bouche pour manger. Le luxe de la paresse.
Sur la piste, nous découvrons une nouvelle famille d’éléphants, puis des girafes, des impalas, des singes. Pour la première fois, je vois des hyènes faisant la sieste à l’ombre d’un arbre. D’habitude, je vois seulement leurs traces de pas autour de ma tente.
Ensuite, c’est un bébé léopard que nous apercevons dans un arbre. Nous avons la chance de voir sa tête. Un peu plus loin, sa mère est dans la même position, dans un autre arbre. Les singes autour essaient de les chasser en vain. Le soleil se couche tranquillement, et nous rencontrons un groupe de lions et lionnes endormis. Après une quinzaine de minutes, ils se réveillent et commencent à se diriger vers nous. Ils passent à côté de la voiture, à environ deux mètres, sans présenter aucun signe d’intérêt ou d’inquiétude envers nous. Toute la troupe fait de même, et nous suivons leur direction pour revivre la même expérience avant de les laisser partir.
Un petit encas nous attend pendant que le soleil se couche. Nous repartons en mode nuit, le guide qui ne conduit pas éclaire les environs à la recherche d’animaux. Nous apercevons de plus petits animaux, dont deux lynx (ou chats sauvages). Ils se cachent tellement bien qu’il m’est impossible de les photographier. Nous voyons ensuite des lapins, des fouines (ou des animaux similaires), avant d’arriver sur une carcasse d’impala en train d’être examinée par une hyène. Quelques mètres plus loin, un léopard digère sa chasse en observant le charognard.
Nous ne verrons pas d’animaux notables après toutes ces merveilleuses rencontres. Retour au campement, j’ai besoin de beaucoup de repos. Le lendemain, je ferai un peu de lessive et trierai mes photos. Le jour suivant, je prendrai la route de Chipata pour trouver un pneu arrière et prendre une décision pour la suite du voyage.